Parmi les milieux professionnels chamboulés par l’émergence du mouvement des Gilets jaunes, le monde journalistique n’est pas en reste. Dès la première mobilisation nationale, le mouvement a rapidement occupé une place de choix dans le paysage médiatique, tant dans la bouche des éditorialistes de plateaux télévisés que dans la presse écrite. Une défiance mutuelle n’a pas tardé à s’installer entre Gilets jaunes et professionnels de l’information. Si les premiers ont estimé qu’ils faisaient l’objet d’une campagne médiatique de dénigrement, les seconds ont, à plusieurs reprises, fait les frais d’une hostilité intense sur le terrain, qui a parfois donné lieu à des scènes d’agressions physiques. Nous avons tenté de contacter plusieurs journalistes à TF1, BFM ou LCI, ainsi que la société des journalistes de l’AFP, afin qu’ils puissent faire valoir leur point de vue ici. Aucune de nos sollicitations n’a pour l'heure reçu de réponse positive.
L'inimitié entre les Gilets jaunes et le monde médiatique traduirait-elle l’existence d’un fossé structurel entre deux mondes coupés l’un de l’autre ? Un an après le début de la mobilisation, RT France fait le bilan de la couverture médiatique des Gilets jaunes avec le spécialiste en communication politique Arnaud Benedetti et Alexis Poulin, co-fondateur du Monde moderne.
Fait notable, les journalistes appartenant aux médias considérés comme «mainstream» n’ont pas été les seuls être chahutés sur le terrain. De fait, les équipes de RT France se sont, à plusieurs reprises, retrouvées dans des situations pour le moins confuses, leur matériel ayant même été cassé le 1er décembre 2018. En outre, des médias en ligne indépendants couvrant les manifestations de Gilets jaunes depuis le premier acte ont parfois été pris à partie par des groupes d’individus hostiles à leur ligne éditoriale. Des vidéastes militants comme Vincent Lapierre ou encore Léopold Jimmy ont par exemple été visés par des violences dans plusieurs villes. Toutefois, de telles situations se sont généralement débloquées grâce au concours d’autres Gilets jaunes leur venant en aide.
«J'ai décidé de prendre mon téléphone portable et j'ai commencé à filmer [à partir] de l'acte 9», Didier Maïsto
Didier Maisto, président de Sud Radio, est descendu plusieurs fois dans la rue avec les Gilets Jaunes. Il a vécu les événements de l'intérieur, et fait part de son ressenti.
«Le mouvement des Gilets jaunes m'a littéralement saisie en novembre», Aude Lancelin
La journaliste Aude Lancelin, rédactrice en chef du média en ligne QG, raconte elle aussi son expérience du mouvement.
Complotisme, homophobie, antisémitisme, racisme... Au fil des actes, les Gilets jaunes ont souvent été décrits à travers les agissements isolés d'individus plus ou moins directement liés au mouvement. Certains chroniqueurs TV n’ont alors pas caché leur hostilité vis-à-vis de la mobilisation. RT France a recensé cinq dérapages d’éditorialistes l’encontre des Gilets jaunes.
Journalistes : Katia Pecnik, Nadège Abderrazak, Fabien Rives, Gilles Donnard